Poubello ergo sum

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Une fois n’est pas coutume, Thibaut de Saint-Maurice s’intéresse à nos poubelles. Depuis une semaine, dans certaines villes, avec la grève des éboueurs contre la réforme des retraites, les poubelles s’entassent et refont effraction dans notre quotidien : il devient difficile de les négliger comme on le fait d’habitude, difficile de passer à côté de ces montagnes de poubelles sans les voir, et donc difficile de ne pas en profiter comme d’une invitation à s’y intéresser pour y jeter un regard non pas usé, mais nouveau cette fois. Et puis l’on peut dire aussi finalement que parmi tous les objets dont nous parlons et bien que l’on puisse parfois y être attaché très fort, quand ils ne nous servent plus ou quand ils sont cassés, ils finissent bien souvent dans nos poubelles…

Nos poubelles ne sont pas donc pas rien : elles révèlent en creux tout un rapport au monde. D’abord sur le plan individuel : elles contiennent les traces et les reliefs de nos vies. « Dis-moi ce que tu jettes et je te dirai qui tu es ». Et puis sur le plan collectif : les poubelles, leurs formes, leurs contenus, leurs modes d’élimination racontent aussi chaque société, son état de développement, son rapport à l’usure, au sale, à l’inutile, la place qu’elle fait en son sein à la consommation, sa plus ou moins grande conscience de la nécessaire transition écologique… il y a donc une économie des poubelles et des déchets, une écologie, une politique des poubelles et des déchets, voire même une esthétique des déchets quand certains artistes choisissent d’utiliser de vieux matériaux ou des objets usés pour les recycler en œuvre d’art…

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